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L'HEGIRE

ce chapitre explique les raisons de l’hégire vers Medine, et ses conséquences : les disciples de Muhammad vont organiser une riposte au bannissement du prophète pour prendre le contrôle de la Mecque après avoir déclaré la "guerre sainte" contre les Quraych..

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L' HIJRA, OU LA RETRAITE STRATEGIQUE

 

« Solitaires d’aujourd’hui, vous qui vivez séparés, vous serez un jour un peuple. Vous qui vous êtes choisis vous-mêmes, vous formerez un jour un peuple choisi – et c’est de ce peuple que naîtra le Surhomme » (Nietzsche, de la vertu)

 

"En 622, la protection d’Omar ne suffit plus et la situation s’envenime ; un cabale est organisée contre la communauté et Muhammad sera chassé de la Mecque par les Quraych, obligeant Omar et ses alliés à le suivre dans la disgrâce ;

Les musulmans veulent nier l'évidence en affirmant que Muhammad n'a pas fui, ce qui contredit encore absolument le coran qui le dit clairement:

«  (Et rappelle-toi) le moment où les mécréants complotaient contre toi pour t'emprisonner ou t'assassiner ou te bannir.» : (S 8, 30)

« Ne prenez pas pour alliés Mon ennemi et le vôtre (les Quraych), alors qu'ils ont nié ce qui vous est parvenu de la vérité. Ils expulsent le Messager et vous-mêmes parce que vous croyez en Allah, votre Seigneur » (S 60, 1)

«Que de villes plus puissantes  que celle dont tu as été chassé n'avons-nous pas anéanti ?!" (47, 3)

 

Ces versets montrent bien qu'il a été chassé, et cela montre aussi que le but de Muhammad est maintenant d'anéantir les Quraych qui l’ont chassé…

Mohammed part donc discrètement de la Mecque après qu'Omar et Abou Bakar aient préparé sa retraite en le précédant. A partir de ce jour Omar aura l'emprise sur l'islam et c’est lui qui fera débuter l’islam a la date de l’hégire, ce qui est très évocateur : si Omar s’était réellement converti a l’islam, il aurait fait débuter l’islam a la date de la révélation en 610 et non en 622, mais en choisissant la date de 622, il veut faire entendre que l’islam n’a réellement débuté que le jour de la « conversion » de Muhammad au sanctuaire, et non au début de la révélation mecquoise…

 

L’exil à Ta’if

 

Il s'agit maintenant d'organiser la riposte au bannissement des musulmans; Mohammed arrive donc dans l'oasis de Ta’if avec sa troupe et va chercher des alliances mais les tentatives avec les tribus présentes ne portent guère de fruits car les habitants de Ta’if n'ont à priori rien à gagner à attaquer les Quraych.

La communauté va donc s'installer à Médine au sein d'une tribu juive peut-être affiliée à la famille de Waraqa, et le groupe va maintenant passer de l’argumentation au djihad après une spectaculaire métamorphose de la personnalité de l'humble messager, qui ne peut s’expliquer que par la prééminence d’Omar dans le nouveau dispositif.

 

MEDINE, LA VILLE DU PROPHETE

 

A Médine, Les Arabes étaient moins puissants que les Juifs (treize bastions arabes (atam) contre cinquante-neuf bastions Juifs), et entretenaient avec eux des relations de jiwar ou de hilf, c'est-à-dire qu'ils étaient leurs protégés, soit en tant que « voisins » soit comme confédérés. Ils contractaient probablement des mariages croisés, et l'on suppose que le mariage était uxorilocal. Il se peut que certains clans aient adopté la religion juive, car le christianisme et le judaïsme étaient très influents dans la région. Comme on peut s'y attendre, alors, certains clans d'Arabes sont parfois identifiés comme clans juifs ; ainsi, la liste de As-Samhudi des clans juifs inclut les B. Marthad, les B. Mu'awiyah, les B. Jadhma', les B. Naghisah, les B. Za'ura, et les B. Tha'labah, bien que le premier de ceux-ci soit en fait une partie de la tribu arabe de Balî, le deuxième une partie de Sulaym, le troisième et le quatrième des Arabes du Yémen, et les deux derniers des Arabes de Ghassan. On a coutume de dire que les tribus ou les clans juifs authentiques sont au nombre de trois, les Qurayzah, les an-Nadîr et les Qaynuqa, ce qui est une simplification. As-Samhudi donne une liste d'environ douzaine de clans en plus de ceux déjà mentionnées comme étant clairement d'extraction arabe. Le plus important était les Banu Hadl, étroitement associés aux juifs Banu Qurayzah... » Il poursuit : « À l'époque de l'Hégire, tous les clans minoritaires ou les groupes juifs qui figurent dans la liste de As-Samhudi avaient perdu leur identité, ou pour le moins avaient cessé d'avoir une importance politique. Ils ne sont pas mentionnés dans les sources primaires de la carrière de Muhammad. Quand la constitution de Médine a affaire avec eux, ils sont simplement les « juifs d'an-Najjar », les « juifs d'Al-Harith », et ainsi de suite. Le plus proche de constituer une exception est les Banu Hadl ; il s'était très étroitement lié aux Banu Qurayzah, mais on trouve trois de ses membres qui deviennent musulmans et qui échapperont au destin funeste des Banu Qurayzah. Ces faits étant considérés, il est vraisemblable que le système des clans s'était en grande partie décomposé, et que les groupes qui se sont rattachés aux divers clans des Ansars n'étaient pas de petits clans ou des sous-clans, mais des groupes formés de personnes d'origines diverses. » Dans son récit sur l'attaque des Banu Qurayza, Ibn Ishaq fait une brève remarque sur la conversion de trois membres des Banu Hadl : «Puis, Tha'labah b. Sa'yah, 'Usayd b. Sa'yah, et Asad b. Ubayd, qui sont des gens de Banû Hadl, et qui ne sont ni des Banû Qurayzah ni des Banû al-Nadîr, leur généalogie était au-dessus de cela, mais ils sont leurs cousins — ils ont embrassé l'Islam, dans cette nuit où les Banû Qurayzah ont accepté de se conformer au jugement de l'Envoyé d'Allah. »

Une petite communauté chrétienne existe à Najran, avec laquelle Muhammad passe le Pacte de Najran. Selon Maxime Rodinson « La ville de Najrân au Yémen était célèbre par sa communauté chrétienne, riche, nombreuse, qui avait subi un siècle auparavant les persécutions du roi juif Dhou Nowâs. »

Muhammad porte toujours un intérêt particulier au judaïsme:

« Ibn Ishaq dit : […] Or Dieu avait préparé pour eux le chemin de l'Islam par le fait qu'ils avaient des juifs dans leur pays, ces gens ayant une Écriture (Sacrée) et de la science, tandis que les Khazraj étaient des associateurs et des idolâtres. »


Dans sa reconstruction, au travers des textes, de l'image de Muhammad, Prophète de l'Islam (Uri Rubin utilise le mot Islam, qui désigne le système, et pas le mot islam, qui désigne la religion), vue par les croyants qui les écrivaient et les lisaient, Uri Rubin écrit: « Comme tous ces prophètes étaient des figures bibliques, il a fallu façonner la biographie de Muhammad selon les modèles bibliques. Ceci était censé convaincre les Gens du Livre, qui ont refusé de reconnaître en Muhammad un prophète tel que les leurs. » C’est ainsi que l’apôtre Muhammad se prétendra maintenant prophète ;

Après avoir donc recherché, en vain, du secours auprès de la tribu Thaquîf à Ta'if, Muhammad réunit ses partisans, soixante-treize hommes et deux femmes, pour la seconde fois sur la colline d'Aqaba, près de Minâ. Selon Ibn Ishaq, dans la première Aqaba, Dieu n'avait pas encore donné à l'Envoyé d'Allah la permission de faire la guerre. Mais dans la seconde Aqaba, « Il la lui donna ». L'Envoyé d'Allah « reçut leur allégeance de faire la guerre à tous » et il « leur promit le Paradis pour l'accomplissement de cette promesse. » Selon Ibn Ishaq, qui en fait le titre d'un paragraphe, « L'Envoyé d'Allah reçoit l'ordre de faire la guerre sainte (djihad) »

 

« […] alors l'Envoyé d'Allah ordonna à ses compagnons, aussi bien qui se sont Émigrés que ceux qui sont retirés avec lui à Makkah, d'émigrer à Médine et de rejoindre leur frères parmi les Ansars ; L'Envoyé d'Allah leur dit : « Dieu vous a donné des frères et une demeure où vous serez en sûreté »

Yathrib, la ville dans laquelle Muhammad décide d'émigrer et qui va devenir Médine, se trouve à 350 km au nord-ouest de La Mecque. Le second serment d'allégeance d'al `Aqaba, à la fois serment de paix et promesse de guerres, trouve des échos dans le Coran, cités par Ibn Ishaq, XXII 39-41 et II 193 : « — ainsi combattez-les jusqu'à ce qu'il n'y ait plus trouble, et que la religion soit rendue à Dieu— cependant s'ils en finissaient…— alors plus d'offensive, sinon contre les iniques. »


Ce serment peut être considéré comme l'élément fondateur de la politique de Muhammad car il définit d'emblée la façon dont l'État islamique à venir va se construire.

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